Publié le mercredi 02 juillet à 19h05 dans l'Opinion -
Le député PS Christophe Caresche et son collègue sénateur Jean-Pierre Caffet proposent d’emprunter 30 milliards d’euros à la CDC pour financer des projets d’infrastructures et énergétiques
Il est un endroit bien connu de la République ou reposent depuis bientôt deux cents ans des centaines de milliards d’euros. Il est sis rue de Lille, à Paris. Depuis 1816, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) y est la gardienne de l’épargne des Français. La section des fonds d’épargne de la CDC, qui centralise et gère les 371 milliards d’euros tirés de la collecte du Livret A, du Livret développement durable (LDD) et du Livret d’épargne populaire (LEP), transforme tous les jours une épargne liquide de court terme en prêts de long terme, notamment pour la construction de logements sociaux.
Ce magot est sous-utilisé. Un tiers des fonds est placé en valeurs mobilières, principalement en obligations d’Etat. Fin 2013 par exemple, sur les 243 milliards d’euros gérés par la CDC, 158 milliards d’euros finançaient des prêts dont un écrasante majorité pour le logement social, et 102 milliards d’euros étaient investis en actifs financiers. Une manne non négligeable – sur laquelle le ministre des Finances a directement autorité – pour le financement de la dette française.
Fort de ce constat, deux parlementaires socialistes se mobilisent pour, disent-ils, réorienter une partie de cette centaine de milliard d’euros vers le financement de l’économie. Jean-Pierre Caffet, sénateur de Paris, et Christophe Caresche, député de Paris, proposent de « définir de nouvelles enveloppes de prêts dédiées à des actions spécifiques, comme, par exemple, la transition énergétique ». Rien d’impossible à cela : la CDC a déjà débloqué une enveloppe de 4 milliards pour le financement des infrastructures sous la précédente mandature, et une autre enveloppe de 20 milliards d’euros a été débloquée pour le financement des collectivités locales sur la période 2013-2017.
La seconde mesure proposée par Christophe Caresche et Jean-Pierre Caffet est, de leur aveu même, « plus ambitieuse et plus compliquée ». En prenant comme modèle la Société de financement de l’économie française (SFEF), qui pendant la crise financière avait suppléé un marché de la liquidité interbancaire complètement tari, les deux parlementaires proposent d’emprunter 30 milliards d’euros à la CDC pour monter un fonds qui lèverait 30 milliards supplémentaires sur les marchés. Ce fonds pourrait ensuite financer la transition énergétique ou des infrastructures, notamment dans le transport. Si dans le principe, « c’est tout à fait concevable », commente une source interne rue de Lille – « cela correspond à la mission des fonds d’épargne de transformer l’épargne de court terme en financement long terme », ajoute ce cadre de la CDC – le montant de 30 milliards risque de faire grincer des dents rue de Lille. La CDC a toujours pris grand soin de protéger ses intérêts patrimoniaux. Christophe Caresche et Jean-Pierre Caffet en sont conscients et souhaitent pour l’heure ouvrir le débat. La prochaine « loi pour la croissance et le pouvoir d’achat », annoncée par Arnaud Montebourg pour la rentrée prochaine, pourrait être l’occasion de porter leur message plus largement.
@LEGENRA