Entre journées
parlementaires et référendum sur la rénovation, la semaine s'annonce chargée pour les socialistes. Christophe Caresche, député de Paris et animateur du Pôle Écolo du parti, confie ses attentes au
point.fr.
lepoint.fr : Vous venez de mettre en place un groupe d'action parlementaire (GAP) PS-Verts. Quelle est sa vocation ?
Christophe Caresche : Notre but, c'est de faire avancer la cause écologiste à
l'Assemblée nationale. Cette question n'est pas suffisamment portée par nos groupes traditionnels. Nous ne sommes pas là pour confronter nos analyses et constater nos désaccords, mais pour faire
des propositions. Par exemple, concernant la taxe carbone, le groupe PS est dans une position de refus en bloc du projet gouvernemental : il dit c'est pas bien, on vote contre . Je pense au contraire que l'idée est intéressante, mais j'en conteste les modalités.
Sur les questions du prix, de la progressivité, des compensations, de la redistribution, etc., le GAP pense qu'il faut discuter et déposer des amendements.
Mais pouvez-vous déposer des amendements sans l'aval du groupe PS ?
J'ai sur ce point une vraie divergence d'analyse avec Jean-Marc Ayrault (président du groupe PS à l'Assemblée) : le dépôt d'amendement est un droit individuel, et non pas collectif. Le groupe PS
s'est d'ailleurs battu pour conserver ce droit ! Sauf que dans les faits, si un élu socialiste veut déposer un amendement, il doit être validé par l'ensemble du groupe...
Vous étiez dimanche aux côtés de Daniel Cohn-Bendit pour parler climat. Pourriez-vous rejoindre Europe-Écologie ?
Le problème n'est pas de quitter un parti pour un autre... Les écolos ont besoin du PS, le PS a besoin des écolos... Le PS doit d'abord discuter avec les écologistes. Cela peut nous permettre de
réactualiser nos valeurs et de sortir de la crise de projet.
Sauf que votre présence dimanche est une initiative personnelle...
Oui, mais Vincent Peillon n'est pas mandaté par la direction du PS quand il reçoit Marielle de Sarnez et Daniel Cohn-Bendit à
Marseille . Le combat d'Arnaud Montebourg pour les primaires est également un engagement personnel. Notre initiative à l'Assemblée fait aussi bouger les choses. Il faut multiplier les
initiatives, même individuelles. Si cela fait bouger le système, on devrait nous encourager et non pas nous blâmer ! Le PS, ce n'est pas l'armée tout de même ! Le pire pour le parti serait de se
replier sur lui-même.
Les Verts sont arrivés cinq voix derrière l'UMP à la législative partielle à Rambouillet, dimanche. Comment interpréter ce résultat ?
Il ne faut pas tirer de conclusion hâtive : c'est une élection partielle, on ne peut pas en faire un test national. Maintenant, cela confirme, qu'on le veuille ou non, la dynamique
d'Europe-Écologie. Quant au PS éliminé dès le premier tour, cela prouve qu'il a encore du chemin à faire pour restaurer son image. Mais il n'est pas mort. Quand on parle avec des écologistes, ils
sont les premiers à dire : On a besoin du PS .
Ils présenteront pourtant des listes autonomes au premier tour des régionales...
Oui, mais avec leurs résultats aux européennes, il faudrait qu'ils fassent preuve de beaucoup d'abnégation pour ne pas être autonomes au premier tour ! Maintenant, ce qui compte, c'est que la
dynamique soit à gauche et que nous gardions un maximum de régions.
Jean-Paul Huchon affrontera en Île-de-France Cécile Duflot et Valérie Pécresse. Le PS peut-il perdre cette région ?
Nous, nous avons les moyens de garder cette région, mais cela dépendra de la campagne des socialistes. C'est vrai que la dynamique est plutôt du côté des écolos. Mais il faut dire que si la
candidature de Cécile Duflot est un petit problème pour le PS, elle est aussi un problème pour Valérie Pécresse. Cette dernière ne peut focaliser sa campagne sur l'affrontement qui l'oppose à
Jean-Paul Huchon.
Jeudi, les militants sont appelés à répondre à onze questions pour la rénovation du PS. Qu'attendez-vous de ce vote ?
Je suis très inquiet pour le vote de jeudi. Une trop grande abstention, ou un résultat mitigé pourraient être interprétés comme une volonté de ne pas rénover le PS. Ce serait problématique. Je ne
voudrais pas que des élus et des militants se trompent sur l'enjeu de ce vote. Or, des élus PS me disent qu'ils vont voter "non" au questionnaire parce qu'ils sont contre le non-cumul des
mandats... Je leur dis : vous êtes fous ! À ce rythme-là, on ne rénovera jamais. Il faut
dire oui à toutes les questions pour donner un mandat clair à la direction. Ça ne m'aurait pas déplu que le groupe PS à l'Assemblée publie un appel à voter oui.
Interview de Christophe Caresche par Charlotte Chaffanjon publié le 29 septembre 2009 sur lepoint.fr