Si l’on en croit le journal « Le Monde », les parlementaires socialistes seront destinataires, demain, d’une lettre de « l’aile gauche » du PS leur demandant d’ajourner la réforme des retraites. Cette initiative me semble parfaitement illustrative de ce qui, au fond, constitue l’impensé de ce courant politique ; le refus de la réforme, le refus d’affronter la réalité et, en définitive, le refus d’assumer la responsabilité du pouvoir. Car les auteurs de cette lettre n’ont rien d’autres à proposer que le report de la réforme qui « aurait un caractère profondément anxiogène pour les français ». Ne rien faire, ne rien bouger, ne surtout pas créer l’anxiété ; tel est l’unique horizon qu’un Parti ayant la charge du pouvoir proposerait à ses concitoyens ! Pour cette gauche démissionnaire, l’immobilisme et le conservatisme seraient les seules options possibles, en attendant le retour hypothétique de la croissance qui réglerait, comme par enchantement, tous les problèmes.
Cette stratégie serait à la fois suicidaire pour la France, mais aussi pour le Parti socialiste qui, confronté, à l’épreuve du pouvoir n’a pas d’autre choix que de réussir.
Nos auteurs, comme une partie du monde syndical, se trompent sur l’état d’esprit des Français, qui dans leur grande majorité ont compris la nécessité de réformer notre modèle social et singulièrement celui des retraites. Ils comprennent la nécessité de faire face à l’allongement de la durée de la vie. Ils voient les injustices, parfois criantes, qui ont prospéré au sein du système de retraite actuel. Ils attendent une réforme qui leur garantissent dans la durée un niveau de pension convenable et s’inquiètent de ces réformes à répétition qui ne règlent rien.
La majorité n’a pas le droit de manquer le rendez-vous de la réforme des retraites. S’y soustraire serait un renoncement qui lui coûterait cher !