Au terme d'un discours habile et subtile, digne du politicien le plus chevronné, Nicolas Hulot vient d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle.
Sur le fond, le désormais candidat, a tenu un propos très marqué par l'exigence sociale. C'est un double défi que propose de relever Nicolas Hulot; celui de l'écologie et celui des inégalités, l'un n'allant pas sans l'autre. S'en suit une dénonciation claire du productivisme mais aussi de l'ultra-libéralisme. Ce tournant « social » qui était déjà présent dans « Le syndrome du Titanic » est aujourd'hui pleinement assumé, notamment par rapport au « pacte écologique » de 2007 qui ignorait cette dimension.
Reste à savoir comment concilier concrètement ces deux exigences, par exemple, sur la taxe carbone. Le projet de taxe carbone directement inspiré par le Pacte écologique et finalement censuré par le Conseil Constitutionnel, a montré que cette conciliation est loin d'être évidente. On attend, donc, la déclinaison précise de cette orientation « social - écologique ».
Sur le plan politique, Nicolas Hulot a nettement exclu toute perspective d'alliance avec le pouvoir actuel, c'est à dire Nicolas Sarkozy, dont l'état, il est vrai, n'inspire pas la confiance! Mais c'est pour mieux récuser tout désistement « automatique » à gauche. Ce qui signifie qu'une option centriste reste très clairement ouverte pour Nicolas Hulot. Ceux qui attendaient, dans leur grande naïveté ou leur grande hypocrisie, un engagement en faveur du candidat de gauche au deuxième tour de l'élection présidentielle en seront pour leurs frais ! Nul doute que cette ambiguïté alimentera la compétition interne qui s'annonce entre Nicolas Hulot et Eva Joly.
J'en tire, pour ce qui me concerne, une conclusion : il faut que le Parti socialiste accélère et approfondisse sa conversion écologique. Il ne peut pas s'en remettre à une alliance, certes souhaitable, mais hypothétique, avec les écologistes, pour représenter cette sensibilité. Il faut que lui-même et son candidat, prennent en charge, à bras le corps, cette question. C'est ce que nous disons avec le pôle écologique depuis des années, dans une relative indifférence, il est vrai. La position du Parti socialiste sur la question du nucléaire qui a évolué positivement, ces derniers temps, comme celle de Nicolas Hulot d'ailleurs, montre que cette évolution est possible.
En voulant placer le Parti socialiste au pied du mur, Nicolas Hulot lui rend, peut être, un grand service !