C'est sous ce titre, à la fois énigmatique et inquiétant, que Yann Reuzeau, auteur de grand talent, a écrit une pièce qui se joue actuellement à la « Manufacture des Abbesses ».
Cette pièce est singulière à plus d'un titre. Elle se déroule en quatre épisodes, un chaque mois de janvier à avril (mais ceux qui ont raté un épisode pourront se rattraper !). Elle porte sur la politique, sujet peu ou mal abordé au théatre. « Chute d'une nation » est en effet l'histoire d'un député qui va être conduit, malgré lui, à s'engager dans les primaires de son Parti pour l'élection présidentielle. De gauche, mais profondément croyant ( ce qui n'est pas si fréquent !) Vampel, puisque c'est son nom, n'aspire qu'à faire honnêtement son travail de député, loin du tumulte de la politique, des conflits de personnes qu'il exècre et des médias dont il se méfie ! Poussé par son entourage et par les événements il est amené à monter sur scène, ou plutôt sur le ring, en se présentant à la candidature aux élections présidentielles.
L'intérêt de la pièce réside dans l'action qui se déroule de manière haletante. Reuzeau raconte cette histoire avec le rythme des feuilletons américains et un style direct et percutant qui ne laisse aucun répit au spectateur. On pense à une série comme « The shield » et bien sûr « A la maison blanche ». Nul pathos, nulle explication superflue, comme on pourrait l'attendre sur un tel sujet, mais une intrigue construite autour des personnages (plus d'une dizaine), qui se débattent avec leurs ambitions, leurs inhibitions, leurs convictions. La pièce présente une représentation très réaliste et très convaincante de ce qu'est l'activité politique aujourd'hui, sans jamais la réduire à une caricature. Elle met en scène le conflit intérieur d'un personnage contraint de recourir à des pratiques qu'il réprouve (mais qui finalement lui procurent un certain plaisir !) pour se faire entendre.
Ce faisant, apparaissent les interrogations ô combien légitimes sur le fonctionnement de notre démocratie, la tolérance vis à vis de la corruption, la médiatisation exacerbée, les moyens de la lutte pour le pouvoir... En définitive, c'est à une réflexion sur l'éthique du pouvoir à laquelle nous invite Reuzeau. Mais attendons la suite puisqu'il reste, encore, trois épisodes !
Avant d'écrire, Yann Reuzeau et Sophie Vonlanthen, tous deux responsables de la Manufacture - Sophie Vonlanthen campant, par ailleurs, le rôle de l'assistante parlementaire de Vampel dans la pièce - avaient demandé à me voir pour s'informer et se renseigner sur le travail parlementaire. Ils ont passé, ainsi, quelques heures à l'Assemblée nationale et m'ont demandé de décrire mon activité. J'avais apprécié ce souci de réalisme, que l'on retrouve dans la pièce, même si l'histoire (mais pas les préoccupations !) de Vampel m'est étrangère. A leur invitation, je serai le dimanche 13 février à la Manufacture, après le deuxième épisode de la pièce, pour donner mon sentiment et répondre aux questions des spectateurs. Je serais très heureux de vous y retrouver.
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