Les échos.fr par Grégoire Poussielgue
INTERVIEW - Pour le congrès du Parti socialiste, Christophe Caresche, député de Paris, est signataire de la motion A, emmenée par Jean-Christophe Cambadélis.
Qu’attendez-vous de ce congrès ?
J’en attends un sursaut. Pour le PS, et les socialistes en général, ce congrès doit être l’occasion d’affirmer leur volonté de tenir le cap et d’assumer leur responsabilité au pouvoir. La France traverse un moment difficile, et il n’est pas question pour les socialistes de sortir de ce congrès plus divisés qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Quel score visez-vous pour la motion A ?
La motion A sera majoritaire. Son enjeu est, bien sûr, de faire le meilleur score possible et, surtout, d’être au-dessus de la barre des 50 %. C’est important d’avoir une majorité absolue car, dans le passé, beaucoup de motions arrivées en tête n’avaient que des majorités relatives. Atteindre ce score signifiera pour les Français, pour nos partenaires, un signal fort de notre capacité à tenir le gouvernail. Nous avons aussi besoin de la majorité la plus forte possible pour continuer à mener des réformes d’ici à 2017.
Que manque-t-il au gouvernement pour susciter plus d’adhésion ?
Depuis plusieurs mois, le gouvernement est victime d’une opposition interne forte. C’est donc difficile pour lui de déployer un agenda des réformes car il est contesté par une partie de sa majorité. Le gouvernement doit donc retrouver une légitimité, une force, une dynamique pour être plus audible aux yeux des Français. D’où l’importance de ce congrès, qui doit affirmer un cap, qui peut nécessiter aussi certaines corrections, comme dans la mise en œuvre du pacte de responsabilité, par exemple. La France commence à entrevoir une perspective de reprise économique, donc il faut poursuivre dans la ligne qui a été la nôtre et ne pas créer d’inquiétude supplémentaire, notamment pour les décideurs économiques.
Ne craignez-vous pas une déchirure entre les frondeurs d’un côté et la motion majoritaire de l’autre ?
Si la motion A obtient une majorité absolue, les frondeurs devront en tenir compte et faire en sorte que cette déchirure se résorbe. Ils doivent donc être capables de s’inscrire dans un cadre collectif et accepter la majorité, alors que leurs tentations ne sont pas toujours claires aujourd’hui. L’idée d’une majorité alternative, qui, avec la gauche de la gauche, irait de Jean-Luc Mélenchon à Cécile Duflot en passant par Pierre Laurent est mauvaise. Il faut tordre le cou à cette perspective qui n’a pas de consistance, mais aller au contraire au bout de notre logique. Martine Aubry, en se ralliant à la motion majoritaire, l’a bien fait ! Elle a privilégié l’unité et le rassemblement sur la division, sans que cela signifie qu’elle soit d’accord sur tout.
Est-ce un congrès à risques ?
Oui. Je ne connais pas beaucoup de partis politiques qui organisent un congrès à mi-mandat alors qu’ils sont au pouvoir. Mais j’ai aussi confiance dans les militants, car beaucoup sont exaspérés par la manière dont le gouvernement est systématiquement critiqué.